TEMOIGNAGE D'UNE MAMAN
Maman de trois enfants, deux petites filles, 10 ans et 2 ans et d'un petit garçon, Adam, 6 ans. Adam, est un enfant autiste.
Vivre avec un enfant autiste, c'est vivre dans la peur constamment, mon fils est totalement inconscient du danger et imprévisible. On peut s'attendre à tout, et, à tout moment. La peur est permanente, peur qu'il se jette par la fenêtre, qu'il jette sa petite sœur par le balcon, il ne comprend pas la douleur des autres ; il bouscule un enfant, pour lui c'est un jeu, et si cet enfant pleure, cela le fait rire. Lorsque nous sortons de la maison, il s'échappe, court sans regarder autour de lui, essaie d'attraper les véhicules qui roulent, avec le risque d'être percuté par une voiture, une moto, de faire tomber un cycliste ou une personne. Toutes les portes sont fermées à clé, je ne dois jamais oublier de les retirer de la serrure sinon Adam, sachant ouvrir, se sauverait... on peut imaginer les conséquences qui en découleraient.
Vivre avec un enfant autiste, c'est partager ses angoisses : crises d'angoisse de jour comme de nuit. Adam ne parle pas, il ne peut pas s'exprimer ; je ne peux que lui faire des câlins, et, cela ne suffit pas pour l'apaiser, alors il peut pleurer, pleurer… Je dois deviner ses désirs, plus il grandit, plus c'est difficile.
Vivre avec un enfant autiste, c'est pressentir et devancer l'instant suivant. Adam considère sa petite sœur comme une poupée, il la tire violemment par le bras, ou la fait glisser à terre et la tire comme un jouet. Il veut la porter en lui tenant seulement un pied, pour lui c'est un jeu ; il ne réalise pas la gravité de ses gestes, le bébé pleure pour lui montrer sa souffrance, mais lui, rit.
Vivre avec un enfant autiste, c'est se ''blinder'' pour faire face à un éventuel accident ; il est impossible de faire des projets, tout peut basculer d'une minute à l'autre, comme chez '' tout le monde'' mais sans interruption, tout au long des jours, des semaines, des mois et des années. En voiture, il détache sa ceinture, enjambe le dossier avant, pour se trouver à mes côtés, pour toucher les boutons de la radio, il faut toujours sermonner, répéter les mêmes choses, jusqu'à ce que l'on soit épuisé et, pour ne jamais obtenir un résultat, ou très rarement, surtout dans le domaine de l'obéissance.
Vivre avec un enfant autiste, c'est vivre isolée : les amis vous évitent, on ne peut pas être reçus, ni recevoir ; à la moindre contrariété, crise de larmes, votre enfant s'allonge à terre, vous ne pouvez plus converser, il se déplace continuellement, et l'on voit la fatigue s'installer sur le visage de vos interlocuteurs pour finalement vous entendre dire : « eh ! bien, je vous plains bien, j'admire votre courage » Pas de week-end, les sorties obligatoires, sur un parcours habituel s'avèrent un réel parcours du combattant, il ne faut pas trop s'arrêter longtemps au feux, il ne faut surtout pas de ''bouchon'', ne pas changer d'itinéraire, ne pas stationner pour demander un renseignement, sinon la colère s'installe jusqu'au retour à la maison.
Fait à Vienne, le 2 août 2009